Des statistiques positives liées à la consommation de vin en général et de vins suisses en particuliers sont toujours un motif de satisfaction. Bravo à tous les acteurs de la filière pour ces signaux positifs et encourageants. Les chiffres publiés hier par l'OFAG méritent tout de même d'être relativisés tant certains écarts sont importants et semblent déconnectés de notre perception du marché où nous cotoyons quotidiennement des vignerons et autres acteurs du marché.
1) Le chiffre de la consommation 2013 est le résultat de savant calculs: addition des stocks disponibles fin 2012 et de la récolte 2013, et déduction des stocks restants fin 2013. A prendre avec précaution d'année en année, car des écarts statistiques existent et se corrigent sur l'année suivante.
2) Pour parler d'une véritable inversion de tendance et non de phénomènes conjoncturels, les chiffres doivent être durablement positifs sur une période de 3 à 5 ans.
3) En 2013 un nombre important de promotions en grande distribution a favorisé la vente de vins de pays et de vins AOC à bas prix, même pour des appellations qui dans un passé proche, étaient valorisées correctement. Ainsi le consommateur pouvait acheter des bouteilles de Chasselas de Lavaux à moins de CHF 6.- par bouteille. Certainement un levier d'augmentation de la consommation de vins blancs vaudois, mais pas de rémunération correcte du vigneron.
4) Sur la période concernée, 3.1 mio de litres de vins déclassés ont également contribué à augmenter les ventes.
Et si les chiffres étaient tout simplement replacés dans leur contexte ?
- La consommation de vin en Suisse dans son ensemble augmente par rapport à 2012, mais n'a pas retrouvé le niveau de 2011
- La consommation de vin a baissé de plus de 7% depuis l'année 2000
- La population en Suisse a augmenté de plus de 12% depuis 2000
- Logiquement, la consommation de vin par habitant a baissé de plus de 15%, passant de 43.5 litres à quelques 36 litres, toutes provenances confondues
- Depuis 2000, la consommation de vins rouges suisses et étrangers suivent une courbe descendante similaire. La consommation de vins blancs suisses a par contre reculé de près de 15% durant cette période, tandis que celle des blancs étrangers a bondi de plus de 30%.
- Le revenu global des viticulteurs s'est dégradé. Le problème primordial reste la valorisation suffisante du kilo de raisin.
Au vu de ces quelques constats, vous comprenez notre retenue quant aux statistiques présentées. D'autant que la faible vendange 2013 (la plus faible depuis 1980) ne permettra pas des opérations d'envergure dans le segment des vins d'entrée de gamme. Nul doute que les chiffres de la consommation des vins suisses de 2014 auront une toute autre allure.
Les points positifs et les pistes pour l'avenir:
- les stocks sont assainis, voilà un problème temporairement résorbé
- la promotion des vins suisses, à la fois au niveau national et cantonal, est bien présente et favorise la visibilité de la production indigène. Une optimisation des ressources allouées et des résultats obtenus est cependant encore nécessaire
- le développement de l'oenotourisme et des infrastructures d'accueil des visiteurs est prioritaire pour augmenter les volumes de vente
- des démarches marketing et proches du consommateur sont à promouvoir auprès des vignerons
- une approche professionnelle de la communication est un facteur de réussite dans la vente efficace des vins.