Des braseros à perte de vue ont illuminé le ciel des vignobles bordelais la nuit du 7 au 8 avril pour lutter contre le gel, diffusant à l'aube une forte odeur de brûlé dans de nombreuses villes de Gironde. La température est tombée jusqu'à -7°C dans le Blayais. "La quantité de grappes est incertaine et elle sera clairement inférieure au rendement prévu initialement", indique Sophie Mette, la députée Modem de Gironde. "Il est difficile de donner des chiffres précis, les remontées sont en cours, mais cela va de 30% à 60% et jusqu'à 100% sur certaines appellations. Le diagnostic final des préjudices sera établi d'ici deux semaines, mais nous craignons vraiment le pire".
L’Italie et la Suisse peu touchées, l’Espagne subit
Si les vignerons suisses déplorent globalement peu de dégâts, il en est tout autre pour les producteurs de fruits à noyaux comme les pêches, les abricots ou encore les cerises. Ils luttent avec les moyens du bord contre les températures négatives mettant à mal leur récolte. Ce combat a forcément un coût. Celui-ci ne sera ni compensé, ni répercuté sur le prix de vente. La perte est sèche.
En Italie, les vignobles ont été en partie affectés. Les producteurs toscans ont notamment eu recours à la fumée de foin brûlé pour créer un rideau capable d'élever la température des vignobles et ainsi sauver les premiers bourgeons. Plus au nord, heureusement, le bourgeonnement a été retardé par la froideur de mars, les vignes n'ont pas ou peu été impactées par ces conditions extrêmes.
L’Espagne a été frappée de plein fouet. La vallée de l'Èbre (Huesca et Lérida) et la province d' Albacete ont été les zones les plus endommagées. Il est cependant encore trop tôt pour chiffrer les dégâts, mais ceux-ci sont considérables, notamment dans le secteur de l’arboriculture.
Activation du régime de calamité agricole
Le gouvernement va déployer le régime de calamité agricole à la suite du gel qui a touché de nombreuses régions et cultures ces derniers jours, un événement “particulièrement difficile”, a annoncé, jeudi 8 avril en soirée, le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie.
“Notre mobilisation est totale pour que les mesures d’accompagnement soient mises en place le plus rapidement possible”, a précisé le ministre sur Franceinfo. “On va étudier également les dispositifs fiscaux habituels que nous pouvons mettre à disposition de ces agriculteurs qui sont face à ces difficultés“.
Vous n’aurez pas l’Alsace
L’Alsace a été relativement épargnée par le phénomène. Le thermomètre est tout de même descendu jusqu’à -5°C par endroit, les vignobles n’ont pas souffert pour la plupart. En raison d’un mois de mars plutôt frais, les cultures sont encore à un stade végétatif.
Marie-Noëlle Lauer ne cache pas son soulagement à la chambre d'agriculture d'Alsace: "Quelques parcelles sont marquées dans les secteurs précoces, sur Gewurztraminer, sur plantiers ou sur le bas des arcures, mais c'est ponctuel. Rien à voir avec ce que j'entends dans les autres régions”.
Jusqu’à 100% de pertes
Cet épisode de gel est “l’un des plus sérieux des dernières décennies et va amputer la production de l’année, a estimé le CNIV (Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine et à indication géographique). Son président Jean-Marie Barillère craint des dégâts à grande échelle et déplore “une très faible récolte en 2021”.
“Un bourgeon porte en général deux grappes”, explique Jean-Marie Barillère. “Il existe des bourgeons secondaires plus ou moins fructifères selon les cépages. Par exemple, pour le Chardonnay, en Bourgogne-Champagne, le bourgeon secondaire apporte rarement des fruits. Là, on sait que la destruction du bourgeon primaire entraînera une destruction de récolte. En revanche, le Pinot Noir, par exemple, toujours dans la région Bourgogne-Champagne, a des bourgeons secondaires fructifères”.
Ce matin, j'ai vu des vignerons, des "vaillants",
pleurer au milieu de leurs vignes.
Philippe Vergnes, président de la chambre d'agriculture de l’Aude
Philippe Vergnes accuse le coup. "Je n'ai jamais vu ça", témoigne le responsable de la chambre d'agriculture de l'Aude. “J'ai vu le coup de gel important de 1998, mais là, ça n'a rien à voir. Le Narbonnais, le Minervois, toutes les zones sont impactées à 75% au moins. Seul le littoral a été un peu épargné, mais il y a quand même des dégâts. Ce matin, j'ai vu des vignerons, des "vaillants", pleurer au milieu de leurs vignes.”
Des régions plus touchées que d’autres
Le gel a été plus sévère dans certaines régions. Le mercure a même atteint -9°C dans la Vallée du Rhône. Du Languedoc à la Provence, tout l’arc méditerranéen a été sévèrement touché.
Près de 70% du vignoble du Languedoc a été touché par le gel. Les prévisions de récolte s’orientent vers une baisse historique de 50%. Le vignoble du Roussillon a été relativement épargné.
Directeur à la chambre d'Agriculture de Gironde, Philippe Abadie a précisé que les secteurs du Blayais, du Libournais, de l'Entre-deux-Mers, des Graves et de Sud-Gironde avaient été particulièrement impactés alors que le Médoc a moins souffert.
“La situation est sans précédent, exceptionnelle, elle concerne à la fois la viticulture, à la fois l'arboriculture, à la fois les grandes cultures”, a déclaré le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, au sortir d’une semaine noire.
Le gel a frappé au moment où on ne l’attendait pas. En succédant à de fortes chaleurs printanières, sa force de frappe a été décuplée. La température moyenne a chuté de plus de 10°C entre le 1er et le 6 avril, passant de 15.64°C à 5.06°C, une amplitude inédite depuis 1947.
Les fortes gelées printanières ont durement frappé l’Hexagone et ses pays limitrophes ces derniers jours, faisant des ravages sur la vigne et les arbres fruitiers. Cet épisode météorologique impressionnant a causé des pertes immenses.
Les photos de vignes illuminées à la bougie font le buzz sur les réseaux sociaux. Cependant, derrière ces images féériques se cache une vérité glaçante. Les nuits de gel enregistrées ces derniers jours ont balayé l’Europe occidentale causant des pertes encore inestimables pour le monde agricole.
L'ACTUALITÉ DU VIN
Le gel ravage le vignoble,
les pertes sont immenses
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