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Domaine Les Perrières (www.abcreation.ch), Agriloro, Matasci Vini, Cave Alain Emery, Provins.
De divines prévisions
Du côté de Genève, Florian Favre se réjouit des Gamays et des Chardonnays qui semblent dotés d'un potentiel tout à fait prometteur. Dans les autres cantons, on préfère ne pas avancer de suppositions. Actuellement à peine au début du processus de vinification, les vignerons peinent à se prononcer si tôt sur les futurs vins et cépages stars de ce millésime 2020. Les tannins sont bien maîtrisés pour les rouges et les blancs, laissant entrevoir une finesse exceptionnelle. La réserve n'entache pas l'enthousiasme partagé par les vignerons. Frédéric Rochaix, du Domaine Les Perrières à Peissy (Satigny), semble impatient de partager les résultats de cette récolte: "Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais on se rappelle le 14 février 2021".
Du côté d'Aigle, Alain Emery aurait lui-même souhaité une récolte plus fournie. Avec 40% de raisin de moins que prévu, il craint de ne pas pouvoir renflouer son stock, qui s'est très bien écoulé pendant l'été. "On a énormément travaillé à la vigne et à la cave pendant l’été. Les ventes ont bien fonctionné et on se retrouve avec plusieurs articles en rupture de stock" raconte-t-il. "Finalement on a très peu de volume et 40% de moins que ce qui est escompté, ça fait mal". Il est tout de même conscient de l'impact positif d'une petite récolte sur le marché actuel, tout en compatissant avec ses collègues dont les caves sont encore pleines et qui se contentent peut-être un peu plus facilement des faibles rendements.
Sentiments partagés pour les petits volumes récoltés
Comme souvent lorsque la qualité du raisin est exceptionnelle, les quantités ne sont pas au rendez-vous. Les récoltes 2020 sont de moindre volume, en raison des petites grappes résultant de l'été sec. De manière générale en Suisse, le rendement oscille entre 10% et 40% en dessous des quotas imposés, suscitant des sentiments mitigés chez les producteurs. Avec la baisse des ventes induites par la fermeture du milieu restaurateur et hôtelier pendant la crise du Coronavirus, les stocks sont restés très fournis chez beaucoup de vignerons. Aussi, comme le remarque Alain Bettems, il existe une grande différence de rendements en fonction de la technique d'exploitation. "Nous faisons toutes les effeuilles à la main, ce qui permet un gain de quantité important de l'ordre de 15%".
Provins, premier producteur de vin en Suisse basé à Sion, aura, selon son nouveau statut de société anonyme, la possibilité d'acheter le raisin manquant chez d'autres producteurs, en privilégiant ses fournisseurs actuels. Et s'il est clair qu'une faible récolte représente une difficulté supplémentaire pour certains encaveurs, le producteur maintient un point de vue positif sur la situation. Avec les caves encore pleines, une petite récolte représente plutôt un bon signe pour la viticulture suisse. D'autant que certaines grandes caves valaisannes ont annoncé, peu avant les vendanges, leur décision de ne pas encaver de raisin cette année, laissant plusieurs petits producteurs dans l'embarras.
conséquences des mesures sanitaires mises en place par l'Office Fédéral de la Santé Publique. La main-d'œuvre étrangère ne pouvant pas se déplacer dans beaucoup de cas, il a fallu trouver des solutions rapidement pour les vendanges. Les récoltes se sont tout de même bien déroulées dans l'ensemble du pays, même si la situation sanitaire a pesé sur toutes les épaules pendant cette période.
Outre les moyens logistiques que les domaines ont dû mobiliser pour se conformer aux règles d'hygiène, c'est le moral qui en prend un coup. Alors que les vendanges sont un moment de l'année festif et gratifiant pour les viticulteurs, l'ambiance pâtit des distances de sécurité et du port du masque. La convivialité n'est pas aussi franche que d'habitude, les moments festifs compliqués à organiser. Somme toute, ce sont des vendanges un peu moroses que certains vignerons ont vécues. À Neuchâtel, l'annulation de la traditionnelle Fête des Vendanges a attristé les habitants comme les vignerons, ces derniers ressentant en plus une certaine inquiétude quant au manque à gagner impliqué par une telle annulation. Alain Bettems voit également la nouvelle méthode de calcul des acquis comme une pression administrative supplémentaire, dont il se serait bien passé dans ce contexte déjà compliqué.
À Tenero, près de Locarno, l'équipe de Matasci Vini est également très satisfaite de la qualité des grains et se réjouit de fêter le jubilé des 100 ans avec ce magnifique millésime. Mais l'année 2020 n'en reste pas moins une année difficile, raconte Paola Maran-Matasci: "le printemps prématuré, les pluies intenses au Tessin pendant les mois de mai et juin et l'été très chaud qui a suivi ont indubitablement stressé le vignoble". Un peu plus loin, dans la région de Mendrisio, Mattia Vossen, œnologue d'Agriloro, n'en pense pas moins. "C'est une année exceptionnelle pour les blancs, dont on va se rappeler". Beaucoup de gras, une consistance et des parfums bien définis, voilà qui promet en effet d'excellents vins blancs.
La Covid joue les trouble-fêtes
2020 est aussi une année particulière en vue de la situation sanitaire liée au virus du Covid-19. Les vignerons ont été particulièrement touchés par les
Le millésime 2020 s'annonce remarquable
Cette année, le millésime semble très prometteur. L'été, sec dans l'ensemble, a concentré le sucre dans les raisins et les nuits froides ont fait perdurer l'excellent état sanitaire des grains. Si peu de jus est extrait des grappes, il est riche en arômes et en parfums et laisse entrevoir les prémices de vins très intéressants, dotés d'une grande finesse. Florian Favre, œnologue de l'État de Genève, aime comparer ce millésime à celui de 2018. Il explique que la saison d'été et de vendange, qui caractérise les différences entre les millésimes, montre de grandes similitudes entre 2020 et 2018. Il assure avec certitude que les vins de cette année seront riches et particulièrement expressifs, avec des structures très intéressantes.
Survol du vignoble suisse
Bien qu'il existe des disparités relatives aux régions et aux cantons, cette année confirme encore la tendance de l'avancée des vendanges. Dans les cantons comme Genève, où bon nombre de vignerons produisent des vins mousseux, les vendanges des cépages qui y sont dédiés commencent facilement une quinzaine de jours plus tôt. Pour cette raison, certains vignerons ont débuté au début du mois de septembre, tandis que d'autres ont attendu que les raisins atteignent leur pleine maturité, autour de la mi-septembre. À l'autre extrémité du pays, le Tessin a également commencé à récolter ses Merlots début septembre. Il reste à présent quelques cépages rouges à récolter sur les différentes régions helvètes.
Sans surprise et comme pour le reste de l'agriculture cette année, la maturité des raisins a été précoce. Ce phénomène, observé depuis plusieurs années, influence les dates des vendanges. "Les sauts dans le calendrier sont de plus en plus larges". mentionne Alain Bettems, dont la famille dirige la Cave de la Crausaz depuis presque une centaine d'années. "D'habitude les dates sont assez régulières, entre le 28 septembre et le 4 octobre, mais maintenant le début des récoltes peut carrément passer du 15 septembre au 10 octobre d’une année à l’autre".
Depuis le mois de septembre, les producteurs suisses s'activent dans les vignes pour vendanger le raisin. RELAIS DU VIN & CO est parti à la rencontre de plusieurs acteurs du secteur viticole helvétique afin de faire un premier bilan des vendanges 2020 dans le pays.
L'ACTUALITÉ
Vendanges 2020: un grand millésime en petites quantités
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