La viticulture sous-marine, une méthode à couper le souffle! Ce processus d'immersion serait bénéfique à la garde des vins, il augmenterait la qualité du breuvage grâce à une évolution plus lente. Ce principe est employé dans les océans, en mer et dans le plus grand lac d'Europe, le Léman. RELAIS DU VIN & CO vous en dit un peu plus...
Le processus d'immersion aquatique conférerait une grande qualité aux vins en raison de la température de l'eau stable et froide, de l'obscurité, de la pression et de l'hygrométrie élevées, ainsi que l'absence de pollution ambiante et sonore. La présence d'eau s'infiltrant dans la bouteille est infime et n'altère nullement le nectar qu'elle contient. Les nombreux mouvements de l'eau exercés sur les bouteilles apporteraient au vin un caractère plus robuste avec des couleurs plus intenses et brillantes, un nez concentré en arômes et une fois en bouche, un plus grand volume avec plus de fraîcheur. Désormais, le nombre de vignerons stockant leurs crus dans les fonds marins augmente. Malgré tout, la production d'un vin sous-marin est plus onéreuse que celle de l'élevage traditionnel en cave, mais cette technique hors du commun représenterait une valeur ajoutée pour tout amateur de vin.
Du cep à la palme
Le prescripteur de cette tendance est Emmanuel Poirmeur, vigneron du domaine Egia Tegia à Saint-Jean-de-Luz, sur la Côte Basque française. Ingénieur en agronomie et œnologie de surcroit, il insère dans sa viticulture la méthode d'immersion et d'élevage de vins sous-marin encore inconnue à ce jour. En 2007, il dépose le brevet de cette technique innovante.
En parallèle, en 2010, la découverte d'un Champagne enfoui sous l'eau depuis 170 ans, à 50 mètres de profondeur dans la Mer Baltique, atteste des bénéfices aquatiques sur la conservation des bouteilles. La qualité exceptionnelle de ce Champagne reconnue par des œnologues et viticulteurs, avait relancé le débat scientifique sur les conditions de conservation du vin.
Les bouteilles à la mer
La plus grande cave sous-marine du monde est la Cave Crusoe Treasure, avec une superficie de 500 mètres carrés, au nord de l'Epagne. Depuis 2013, la cave stocke ses vins pendant 6 à 12 mois dans des cages métalliques, à 20 mètres au-dessous de l'eau. Cette année, elle prévoit d'écouler 30'000 bouteilles de rouge et de blanc, en Suisse, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Chine et au Japon, à la place des 7'000 vendues, en 2017.
Ce processus est reproduit en France, notamment en Bretagne et en Corse. À Calvi, au Clos de Landry, 50 bouteilles de 4 cuvées différentes sont immergées dans une grotte à 60 mètres de profondeur, secrètement protégée par la mer Méditerranée.
Du Chasselas baigné dans le Léman
Le lac Léman est également utilisé pour cette méthode de vieillissement du breuvage. Les bénéfices apportés par le stockage des crus à 30 mètres de profondeur se font grâce au taux d'humidité totale qui empêche l'évaporation du vin. Le peu d'oxygène présent dans l'eau du lac apporte une vinification optimale. Le Clos de Chillon a choisi cette méthode de vinification, en 2010. Le premier élevage des 350 Chasselas immergés une année durant dans le lac, n'a pas été concluant en raison d'un important manque d'étanchéité. Bravant cet écueil, cette technique de conservation est désormais maîtrisée. Le contrôle de qualité de la cuvée 2015, stockée dans le Léman depuis un an, présente un vin réussi, et le reste des bouteilles plongées dans le lac seront consommables en 2020. Réjouissons-nous de l'eau qui dort...