Grégory Dubuis, vous êtes à la tête de la Maison Gilliard depuis maintenant 2 ans, mais vous ne venez pas directement du sérail viticole. Quel est votre parcours?
En effet, je suis ingénieur mécanique et j’ai travaillé de nombreuses années dans le domaine de l’automation industrielle. Il est vrai que je ne suis pas un spécialiste du vin, mais l’infrastructure des caves m'est familière puisque j'y ai beaucoup travaillé, dans ma carrière précédente. Aujourd’hui, c'est un bagage que je continue d'exploiter dans ma nouvelle fonction. La question de l’automation des vignes est beaucoup étudiée, notamment en Valais où les vignobles en terrasse entraînent des coûts de production extrêmement élevés. Certaines techniques d’automatisation des vignes en terrasses sont en cours d’élaboration, ce qui pourrait à l’avenir réduire drastiquement nos dépenses et fortement contribuer à la préservation de la santé de nos collaborateurs chargés de la gestion de ces vignobles.
Vous faites désormais le grand écart entre le Bas-Valais et le Haut-Valais. Comment s'augure cette nouvelle alliance avec les Domaines Chevaliers?
On peut dire que l'événement est historique! Cette union s'explique en partie par la complémentarité de nos deux caveaux. Alors que la Maison Gilliard est orientée vers la Suisse romande et réalise de très bonnes ventes en grande distribution, les Domaines Chevaliers touchent de leur côté une large clientèle suisse alémanique et excellent dans la vente directe et aux particuliers. La région de Salquenen est également très intéressante pour nous. Son terroir produit un Pinot Noir d'une grande qualité, et son modèle d'affaires unique constitue une belle diversification pour notre enseigne.
Quels sont vos défis pour les mois à venir?
L’objectif principal est de concrétiser notre association avec les Domaines Chevaliers. Nous devons travailler la synergie de nos infrastructures qui sont les vignes, la cave, l’administration ou encore l’informatique. Nous devons également choisir la manière dont nous allons présenter l'alliance au client. Nous savons que nous allons garder nos deux caves distinctes, avec leurs marques distinctes, mais il nous reste à trouver comment concilier ceci avec notre liaison. Dans le contexte d’une foire par exemple, la question d’un stand commun ou individuel reste encore à élucider. Pour la Maison Gilliard, la perspective la plus excitante est réside du côté du Pinot Noir. Nous aurons peut-être la possibilité de travailler sur une partie de l'ancienne cuverie des années 1980 des Chevaliers, qui représente environ 800'000 litres. C'est un projet très réjouissant pour nous, notamment en vue de l’orientation haut de gamme des Domaines Chevaliers à Salquenen.
Votre réunion a entre autres pour avantage de propulser vos vins sur le marché suisse et plus particulièrement outre Sarine. D'une manière générale Grégory, comment voyez-vous l'évolution de la consommation des vins suisses?
Je pense que l'année 2021 s'annonce prometteuse. Avec la crise du Coronavirus, le monde viticole profite de la prise de conscience collective des acheteurs, qui favorisent à présent les produits locaux. On sait que depuis une trentaine d'années, la consommation de vin en Suisse baisse. Mais cette année, il me semble que la vente des vins étrangers diminue au profit des vins autochtones. Le signal est donc très positif, le fond de la courbe est peut-être atteint et laisse à penser que le marché du vin suisse se dirige vers un avenir florissant.
L’enjeu actuel réside dans le secteur des vins rouges de helvètes. Les consommateurs suisses, et notamment suisses alémaniques, savent que les blancs et les rosés de notre pays sont d'une grande qualité, mais ils sont peu convaincus par les vins rouges. Pourtant, nos rouges, avec leurs tannins élevés et corsés, sont tout à fait capables de combler leurs attentes. Souvent d'ailleurs, lorsqu’ils dégustent des vins rouges valaisans d'une belle intensité, ils sont impressionnés par la qualité du produit. D’autant plus que le prix de vente ne semble pas être un frein en Suisse, où le pouvoir d’achat est relativement élevé. Notre travail à présent est d’aller leur présenter nos produits pour qu'ils comprennent que les rouges suisses sont tout à fait à la hauteur des rouges français, espagnols ou italiens qu'ils favorisent pour l'instant. C'est donc également de ce point de vue là que notre affiliation avec les Domaines Chevaliers s'annonce particulièrement dynamisante.
Grégory Dubuis, terminons sur une note un peu plus personnelle: quel est votre vin préféré?
C'est une question délicate, j'aime tous les vins! Mais si je devais en citer un seul, ce serait notre Cornalin Clavau, de la gamme les Grands Murs. Comme la Petite Arvine, le Cornalin est un cépage autochtone emblématique du Valais, dont nous sommes assez fiers. Pour moi, c'est le cépage de l’avenir, que nous devons à tout prix mettre en lumière dans le canton du Valais, en Suisse et sur la scène internationale!
Que vous souhaiter pour l’avenir ?
Que du bonheur ! J’ai la chance d'être bien entouré par de super collaborateurs. Ce qui me rendrait heureux ce serait de réussir à toucher les consommateurs suisses grâce à la qualité de nos vins et au patrimoine qu'ils renferment. À mon arrivée à la Maison Gilliard aussi, je me suis promis de faire découvrir au plus grand nombre un lieu magnifique, le Clos de Cochetta. Je pense que le jour où j'accomplirai cette mission, l'œnotourisme valaisan fera un pas de géant.