Pouvez-vous nous retracer brièvement votre parcours et ses dates clés?
J’ai grandi sur les Domaines Rouvinez et baigné dans le monde du vin toute mon enfance, bien que je n’ai pas suivi de formation œnologique à proprement parler. Entre 2001 et 2006, j’ai fait mes études à l’HEC de Saint-Gall, puis je suis parti dans le secteur bancaire où j’ai travaillé pendant 6 ans, à Zurich. En 2013, j’ai intégré l’entreprise familiale, où j’œuvre depuis maintenant 4 ans, en tant que responsable commercial et marketing.
À quel moment avez-vous décidé de pérenniser l’œuvre familiale?
Ayant grandi dans l’entreprise, le retour professionnel au monde du vin s’est fait tout naturellement. Lorsque nous étions enfants, ma sœur, mon frère et moi allions travailler à la vigne avec notre mère. Plus tard, nous nous sommes occupés de la partie mise en bouteille, puis, à l’adolescence, de l’accueil des clients. Il ne s’agissait pas de savoir si j’allais revenir aux Domaines mais plutôt quand? Ce choix a été motivé par un concours de circonstances: mon poste dans le secteur des banques était devenu limité et j’éprouvais le besoin de changer d’orientation. La naissance de mon premier fils a définitivement fait pencher la balance. Nous sommes revenus en Valais car ma femme et moi souhaitions consacrer plus de temps à notre famille et il ne se passe pas un jour sans que nous nous félicitions d’avoir pris cette décision.
Comment gérez-vous votre entreprise en famille?
Avec ma sœur Véronique et mon frère Frédéric, nous sommes la 3ème génération à reprendre la direction de l’entreprise. Mon frère est responsable de la partie administrative et financière et ma sœur, œnologue de formation, s’occupe de la partie production. Cette organisation s’est faite selon les préférences et intérêts naturels de chacun, c’est aussi ce qui permet son bon fonctionnement. La clientèle doit pouvoir se retrouver dans ce qu’elle achète. Avoir une famille active et unie derrière nos produits facilite cette démarche.
Quelle est la démarche avec la création votre nouveau Cru Carré Rouge?
La démarche au niveau de la production est simple. Ayant toujours favorisé nos propres vignes, nous avons au fil du temps développé un domaine de 90 hectares en propriété privée. Sur ce vignoble, certaines parcelles ont de la jeune vigne (environ 7 à 8 ans) et n’ont pas encore atteint leur apogée. L’objectif du Cru Carré Rouge est de valoriser ces raisins en produisant un vin rouge qui soit friand, à boire frais, un vin de tous les jours. Sans pour autant voler la vedette aux autres produits, il est intéressant pour des clients avec un plus petit budget. Les premiers retours sur le style et la qualité du vin sont très positifs.
Vous avez mis en marché une bière. Quels sont les premiers retours?
La bière l’Échappée commercialisée depuis de printemps est liée à l’histoire de notre famille. Ma mère étant belge, nous sommes tous amateurs de bières. Il y a quelques années, nous avons fait la connaissance de deux jeunes brasseurs qui ont créé leur marque, Curtius, et monté leur brasserie nommée la Brasserie C à Liège. Nous avons tout de suite été sur la même longueur d'ondes et, avec leurs encouragements et leur connaissances, l’aventure était lancée.
Nous souhaitions une bière bien équilibrée, avec un côté trouble et des notes d’agrumes au niveau du nez pour retrouver les traceurs de la bière blanche, mais aussi une belle amertume en fin de bouche. Nous pensons ne produire qu’une seule bière, car il s’agit seulement d’un complément au vin. Les réactions des consommateurs sont très positives, et au lancement, nous avons été rapidement en rupture de stock!
Au cours de votre parcours, de quelle réalisation êtes-vous le plus fier?
Les nouveautés lancées cette année nous rendent très fiers. Nous arrivons à la suite d’une deuxième génération qui a fait très fort avec la création du Tourmentin en 1985. Il s’agit du premier vin élevé en barrique, rapidement devenu un assemblage de cépages nobles, sans doute le premier de ce style. À l’époque, cela avait révolutionné la vitiviniculture valaisanne. Mon père et mon oncle ont également développé tous les vins de domaines, ce qui nous met une pression certaine sur les épaules. D’où notre fierté d’avoir sorti les Grands Crus de Sierre, le Cru Carré Rouge et la bière l’Échappée.
Si vous étiez un vin? Et quel plat pour l'accompagner?
Personnellement, je suis un grand défenseur des vins du Valais et de leurs spécialités, donc je serais une Petite Arvine. Pour son côté vif, énergique, frais, caractéristique que je partage d’ailleurs avec ma sœur et mon frère. Le plat pour l’accompagner ne serait pas forcément valaisan, plutôt un met de la mer, peut-être un homard, comme celui que Didier de Courten m’a fait préparer lors de notre rencontre.